Idées reçues
L'immigration de populations des pays en développement vers les pays développés depuis la seconde moitié du vingtième siècle fait l'objet d'un débat éthique qui s'appuie principalement sur deux constats. D'une part, ceux qui immigrent ont beaucoup à gagner en qualité de vie et en perspectives économiques, du fait des écarts de développement économique et politique entre leur pays d'origine et leur pays de destination. D'autre part, l'intégration de ces immigrants dans les sociétés d'accueil pose certains défis. Le débat sur l'immigration, et plus précisément sur les politiques encadrant l'immigration, oppose l'argument que les inégalités mondiales rendent injustes la restriction à l'argument d'une restriction justifiée par la protection de la cohésion sociale et de la qualité de vie des sociétés d'accueil.
"Tous les migrants sont à Paris"
La répartition des migrants sur le territoire est un enjeu fondamental, l'Etat se donne pour mission de prendre en charge cet enjeu et de veiller à ce que la répartition soit équitable afin d' éviter les répercussions sur l'économie de certaines régions mais aussi sur les conditions de vie des migrants. Mais cette vision d'un État régulateur et centralisateur est-elle la meilleure pour les personnes concernées ?
Nombre de migrants accueillis en CAO (source cartographie : France terre d'asile)
Aujourd'hui, plus de 11 000 migrants (chiffre qui ne recense pas les mineurs) ont été pris en charge par des Centres d’Accueil et d'Orientation (CAO) depuis le 1er janvier 2017.
Nous voyons ici, que les régions n'accueillent pas toutes autant de personnes migrantes. Alors que la Bourgogne-Franche-Comté et la Nouvelle Aquitaine en accueillent plus que la moyenne, l'Ile de France ne dispose actuellement d'aucun CAO.
En dépit de l'ouverture de centaines de nouvelles places chaque semaine, les capacités restent sous-dimensionnées. Le dispositif d'accueil français compte entre 75 000 et 80 000 places, estime l'association "la Cimade". Or, rien que le nombre de demandeurs d'asile en cours d'instance est proche de 110 000 personnes. Il y a donc beaucoup de migrants qui ne sont pas pris en charge par les CAO.
"C'est la crise, il n'y a pas assez de place pour tout le monde"
Aujourd'hui, seulement 3.3% de la population mondiale ne réside pas dans son pays de naissance et ce taux est stable depuis 40 ans. L'écrasante majorité des personnes qui migrent le font à l'intérieur de leur propre pays.
- Parmi les migrants internationaux, seul un tiers s'est déplacé d'un pays en développement vers un pays développé. En effet, contrairement à ce que certaines personnes pensent, la majorité des migrations ne s'effectuent pas du Sud vers le Nord. En réalité, seules 37 % des migrations dans le monde ont lieu d'un pays en développement vers un pays développé. La plupart des migrations s'effectuent entre pays de même niveau de développement : 60% des migrants se déplacent entre pays développés ou entre pays en développement.
- la France, depuis de longues années , est l'un des pays développés d'Europe qui accueille le moins d'immigrés .
- Selon UNHCR, Sur 100 réfugies, 90 sont accueillis dans des pays pauvres ou en voie de développement, c'est - à - dire qu'ils cherchent le plus souvent l'asile dans des pays voisins : les Syriens en Turquie sont au Liban, les Afghans sont au Pakistan et en Iran...

Le problème est un problème d'image. D'une part, quand les médias montrent des villes avec de nombreuses personnes d'apparence étrangères, c'est trompeur. C'est dans les villes que se focalisent les ressources dont les migrants ont besoin à leur arrivée alors que, par exemple en Bretagne, les étrangers ne représentent que 1.7% de la population. D'autre part, contrairement aux vagues d'immigrations précédentes (immigrants polonais, immigrants italiens), la France aujourd'hui fait face à une immigration visible (immigrants d'Afrique sub-saharienne ou du Maghreb). Pourtant, rien n'indique dans les statistiques un quelconque "raz-de-marée" migratoire.
"C'est si simple de venir en France"
Pour entrer sur le territoire français, tout étranger doit théoriquement obtenir un visa (sauf s'il vient d'un pays de l'espace Schengen). Et ce n'est pas si simple, car pour obtenir le visa, il faut faire une demande en bonne et due forme aux consulats français dans les pays de départ qui en contrôlent la délivrance de manière stricte. Cette délivrance suit des procédures longues, complexes et dissuasives qui s'ajoutent au fait qu'elles sont chères et non remboursables.

Les coûts élevés et les longues files d'attentes empêchent et découragent de nombreux étrangers d'en faire la demande. Cela pousse même certaines personnes à faire faire un visa illégal en passant par des voies détournées plus longues et plus dangereuses. Mais faute de visa, beaucoup de migrants tentent leur chance sans ce document. Ils traversent les frontières illégalement et certains parviennent à entrer en France sans titre de séjour. D'autres n'y parviendront jamais : l'organisation internationale pour les migrations (OIM) recense près de 17000 morts et disparus en Méditerranée depuis 2014.
La situation actuelle provient du fait qu'aucune délivrance de visa n'est accordée si on meurt de faim ou si on est menacé par la guerre. A ce jour, ce ne sont pas des arguments recevables par l'administration française. Les demandes d'asile ne sont pas recevables dans les consulats.
De plus, pour résider "durablement" en France, il faut demander un titre de séjour. Sauf que depuis 20 ans, la loi réglementant l'obtention de ces titres s'est considérablement durcie. Les problèmes rencontrés lors de la demande de titres de séjours sont les mêmes que pour la demande de visa, avec parfois l' exigence de documents non prévus par les textes.
En ajoutant le fait que les immigrés qui ont obtenu le titre doivent le renouveler chaque année avec une probabilité de le perdre s'ils divorcent ou perdent leur emploi.
Aujourd'hui, obtenir un titre et tellement rare que de nombreuses personnes préfèrent vivre cachées avec la peur d'être expulsées: on estime à 400 000 le nombre d'étrangers en situation irrégulières.
Par ailleurs, en moyenne 10% des demandeurs d'asile sont renvoyés dans leur pays d'origine et seulement 30% obtiennent le statut de demandeur d'asile.
Pour savoir plus sur le chronique d'un demandeur d'asile cliquer sur "en plus"
"Les migrants sont soignés aux frais des français"
- L'aide médicale d'Etat (AME) permet aux immigrés en situation irrégulière de bénéficier de soins médicaux gratuits. Mais pour en bénéficier, il faut habiter depuis au moins 3 mois en France.

- L'AME est toutefois attribuée sans conditions aux enfants mineurs dont les parents sont en situation irrégulière.
- La sécurité sociale est accessible pour les migrants qui sont entrés dans une procédure de demande d'asile. Seulement nous avons vu auparavant qu'il n'est pas si simple d'obtenir ce titre…
Mais, les personnes en situation irrégulière ne bénéficient d'aucune mutuelle pour financer les frais médicaux dépassant les forfaits de la sécurité sociale. De plus, refuser de soigner les personnes migrantes va à l'encontre de la déclaration des droits de l'homme et porterait préjudice au système de santé, donc de l'économie de l'état Français. En effet, il coûte moins cher de traiter une personne migrante contagieuse dès son arrivée plutôt que d'attendre la transmission du virus à toute la population.
Il y a un nombre fixe d'emplois à se partager

Dans
une économie tertiaire, plus il y a de gens, plus il y a de services et
plus cela crée de l'activité. Les migrants participent à
l'économie. Ce sont des consommateurs et même des entrepreneurs, ils paient des impôts et des cotisations sociales, ils contribuent à
produire des biens et des services.